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    • #26579
      Anonyme
      Inactif

      Magnifique Bernard Dimey disparu et assez méconnu , mais quel talent de poète

      https://www.youtube.com/watch?v=Ef8O21vhI1U

    • #33023
      Anonyme
      Inactif

      Depuis le 28 Juillet, 4 vues seulement pour un si beau texte, je le fais remonter du fond de sa nuit, je lui dois bien ça

    • #33046
      Nicolas Coolman
      Maître des clés

      Un pilier de la poésie ! :good:

    • #33047
      Le Che
      Modérateur

      Bernard Dimey dit par Serge Reggianni

    • #33115
      Nicolas Coolman
      Maître des clés

      Serge Reggiani, un monument de la chanson française. :good:

    • #33116
      Le Che
      Modérateur

      A l’heure où tout le monde reste cloitré dans sa terreur , A l’heure où des débiles derrière leur clavier du matin jusqu’au soir tapent leurs éternelles obsessions morbides ” vaccinez vous, vaccinez vous ” , il est bon d’entendre par moment un hymne à la vie . Et oui, malgré ce qui nous frappe de plein fouet, sachons profiter du bonheur de vivre. Reggiani nous le dit de façon merveilleuse

    • #33154
      Le Che
      Modérateur

      ce que nous dit Boris vian dans un style très Rimbaldien

      Je voudrais pas crever

      Avant d’avoir connu

      Les chiens noirs du Mexique

      Qui dorment sans rêver

      Les singes à cul nu

      Dévoreurs de tropiques

      Les araignées d’argent

      Au nid truffé de bulles

      Je voudrais pas crever

      Sans savoir si la lune

      Sous son faux air de thune

      A un coté pointu

      Si le soleil est froid

      Si les quatre saisons

      Ne sont vraiment que quatre

      Sans avoir essayé

      De porter une robe

      Sur les grands boulevards

      Sans avoir regardé

      Dans un regard d’égout

      Sans avoir mis mon zobe

      Dans des coinstots bizarres

      Je voudrais pas finir

      Sans connaître la lèpre

      Ou les sept maladies

      Qu’on attrape là-bas

      Le bon ni le mauvais

      Ne me feraient de peine

      Si si si je savais

      Que j’en aurai l’étrenne

      Et il y a z aussi

      Tout ce que je connais

      Tout ce que j’apprécie

      Que je sais qui me plaît

      Le fond vert de la mer

      Où valsent les brins d’algues

      Sur le sable ondulé

      L’herbe grillée de juin

      La terre qui craquelle

      L’odeur des conifères

      Et les baisers de celle

      Que ceci que cela

      La belle que voilà

      Mon Ourson, l’Ursula

      Je voudrais pas crever

      Avant d’avoir usé

      Sa bouche avec ma bouche

      Son corps avec mes mains

      Le reste avec mes yeux

      J’en dis pas plus faut bien

      Rester révérencieux

      Je voudrais pas mourir

      Sans qu’on ait inventé

      Les roses éternelles

      La journée de deux heures

      La mer à la montagne

      La montagne à la mer

      La fin de la douleur

      Les journaux en couleur

      Tous les enfants contents

      Et tant de trucs encore

      Qui dorment dans les crânes

      Des géniaux ingénieurs

      Des jardiniers joviaux

      Des soucieux socialistes

      Des urbains urbanistes

      Et des pensifs penseurs

      Tant de choses à voir

      A voir et à z-entendre

      Tant de temps à attendre

      A chercher dans le noir

      Et moi je vois la fin

      Qui grouille et qui s’amène

      Avec sa gueule moche

      Et qui m’ouvre ses bras

      De grenouille bancroche

      Je voudrais pas crever

      Non monsieur non madame

      Avant d’avoir tâté

      Le goût qui me tourmente

      Le goût qu’est le plus fort

      Je voudrais pas crever

      Avant d’avoir goûté

      La saveur de la mort…

    • #33396
      Le Che
      Modérateur
    • #33444
      Le Che
      Modérateur

      Un autre magnifique poème de Dimey

      Les enfants de Louxor

      Quand je sens, certains soirs, ma vie qui s’effiloche
      Et qu’un vol de vautours s’agite autour de moi,
      Pour garder mon sang froid, je tâte dans ma poche
      Un caillou ramassé dans la Vallée des Rois.
      Si je mourrais demain, j’aurais dans la mémoire
      L’impeccable dessin d’un sarcophage d’or
      Et pour m’accompagner au long des rives noires
      Le sourire éclatant des enfants de Louxor.

      À l’intérieur de soi, je sais qu’il faut descendre
      À pas lents, dans le noir et sans lâcher le fil,
      Calme et silencieux, sans chercher à comprendre,
      Au rythme des bateaux qui glissent sur le Nil,
      C’est vrai, la vie n’est rien, le songe est trop rapide,
      On s’aime, on se déchire, on se montre les dents,
      J’aurais aimé pourtant bâtir ma Pyramide
      Et que tous mes amis puissent dormir dedans.

      Combien de papyrus enroulés dans ma tête
      Ne verront pas le jour… ou seront oubliés
      Aussi vite que moi?… Ma légende s’apprête,
      Je suis comme un désert qu’on aurait mal fouillé.
      Si je mourais demain, je n’aurais plus la crainte
      Ni du bec du vautour ni de l’oeil du cobra.
      Ils ont régné sur tant de dynasties éteintes…
      Et le temps, comme un fleuve, à la force des bras…

      Les enfants de Louxor ont quatre millénaires,
      Ils dansent sur les murs et toujours de profil,
      Mais savent sans effort se dégager des pierres

      À l’heure où le soleil se couche sur le Nil.
      Je pense m’en aller sans que nul ne remarque
      Ni le bien ni le mal que l’on dira de moi
      Mais je déposerai tout au fond de ma barque
      Le caillou ramassé dans la Vallée des Rois

    • #33537
      Le Che
      Modérateur

      Dans les jardins de ma mémoire,
      Sur les eaux calmes d’un étang
      Où les licornes viennent boire
      J’ai vu tes yeux se reflétant.
      J’en redoute les sortilèges
      Et ne m’approche qu’en tremblant
      Pour mieux me laisser prendre au piège
      Que j’ai redouté si longtemps.

      Au jardin de la Mandragore
      Je m’aventure chaque nuit,
      Me promenant jusqu’à l’aurore
      Malgré ton ombre qui me suit.
      L’oiseau phénix au vol superbe
      Peut disparaître et revenir,
      Ses cendres répandues dans l’herbe
      De toi me font ressouvenir.

      Au jardin bleu des espérances
      J’ai vu danser les paons de nuit
      Sur les arpèges du silence
      Où vient se perdre mon ennui.
      Mais au premier souffle de brise
      Le son de ta voix me revient
      Et le songe soudain se brise,
      De notre amour ne reste rien.

      ( Bernard Dimey

    • #33605
      Le Che
      Modérateur

      Sous le pont Mirabeau par serge Reggiani

      La poésie , c’est de la musique, c’est pour ça qu’à mon sens , elle doit être écoutée et non pas seulement lue

    • #34376
      Le Che
      Modérateur

      magnifique Bernard Dimey

      PARCE QUE JE T’AIME…
      il faudra que tu viennes avec moi, sur des routes
      baignées de soleil et de lune, le jour après la nuit
      au long des chemins creux qui dessinent les nervures du monde
      à l’infini,
      Au petit jour, à la rosée,
      soleil tout blanc se hissant au zénith
      avant d’aller s’engloutir, disque de sang vif, dans
      les eaux calmes de la mer…

      Au hasard des carrefours et des places désertes,
      villages sans églises, maisons sans fenêtres, terrains
      vagues sans enfants, sans gendarmes ni voleurs.
      Par les sentiers de forêt, où nous débusquerons des
      biches effarées,
      par les rues sans pitié des cités de l’acier, de la fumée,
      des pylônes et du vacarme
      et par les pistes du désert.

      PARCE QUE JE T’AIME
      il faudra me suivre à travers le sable et les pierres,
      à travers la peur et la soif,
      et puis un jour je t’entraînerai dans les profondeurs
      de la mer et nous cheminerons côté à côte, à travers
      les jardins du corail…
      Les anémones aux doigts effilés et féroces s’agiteront
      fiévreusement au passage de notre amour
      et les monstres des prairies abyssales ouvriront leurs
      yeux multiples où fleurit le phosphore…

      La raie, aux ailes ralenties, nous précèdera à travers
      Les savanes d’algues bleues et violettes.
      Et nous marcherons côte à côte, environnés de poissons
      d’Apocalypse, aux nageoires griffues, aux yeux d’or
      vert, aux mâchoires de diamant.

      Nous irons, la main dans la main, par les sentiers
      inconnus perdus au fond de l’océan,
      sans troubler le sommeil des grands crustacés endormis
      depuis des millénaires.
      Nous irons à pas lents, marchant sur des éponges,
      à la découvertes d’épaves anciennes, crétoises ou
      phéniciennes,
      et je t’offrirai les bracelets d’or blanc grâce auxquels
      un marin mort depuis vingt siècles espérait se gagner
      les faveurs d’une courtisane romaine
      avant de disparaître une nuit dans la mer.

      PARCE QUE JE T’AIME
      il faudra me suivre partout,
      je t’entraînerai à tous les pèlerinages et tous les
      sanctuaires nous ouvriront leurs portes.

      Nous irons prier ensemble, prosternés côté à côte,
      mêlés à des croyants de toutes les races, à des pénitents
      de toutes les couleurs,
      afin que tous les dieux possibles protègent notre amour
      et le prolongent…
      Au soleil tourbillonnant de la Mecque, je recueillerai
      pour toi la voix déchirée du muezzin, échappée de sa
      gorge comme une flamme tordue et que le vent
      brûlant, mêlé de sable, noue et tort et torsade autour
      des minarets de la ville sainte.

      Nous achèterons des moulins à prière dans une
      lamaserie sur la route
      et nous gravirons ensemble les pentes incroyables qui
      conduisent au toit du monde…
      Et tu me suivras au sommet du Mont Everest, car je
      veux m’approcher le plus près possible du ciel avec toi

      PARCE QUE JE T’AIME
      S’il le faut, nous passerons une nuit entière à méditer,
      dans un monastère enfumé, parmi les bonzes au
      masque de la plus pure sérénité
      dont le crâne rasé semble aussi parfait que les vieux
      galets façonnés par les océans depuis les premiers jours
      du monde…

      Nous écouterons parler le plus vieux d’entre eux,
      sans comprendre un seul mot, une seule syllabe, mais nous
      irons ensemble baiser le bas de sa robe et nous imprégner
      de son odeur de bouc

      PARCE QUE JE T’AIME
      nous irons plonger nos corps au même instant dans
      l’eau pourrie du Gange, à Bénarès

      Nous irons chercher la purification dans les remous de
      ce fleuve géant qui brasse ensemble l’excrément maudit
      de l’intouchable paria et les cendres inestimables du
      Mahatma défunt.

      PARCE QUE JE T’AIME
      il ne faut pas que tes yeux soient privés d’un seul
      émerveillement,
      tous les spectacles du monde ;
      tous les enchantements te sont dus.
      Et c’est moi qui te conduirai le long des voies
      innombrables de l’étonnement.

      Nous irons déguster le thé à la menthe, accroupis sur des nattes
      et nous verrons danser les Ouled-Nails au corps de
      liane et de serpents en rut.

      Perchée sur un dromadaire de neige, tu me suivras
      d’un oasis à l’autre, entre les dunes scintillantes, sous le
      ciel clouté d’or
      au long des pistes silencieuses.

      Sous nos yeux, le scorpion noir courtisera la rose des
      sables, et le mirage de la soif érigera devant, sur
      un horizon à tout instant reculé, des cathédrales de
      cristal et des orgues de sel…

      Le matador au sourire gravé sur un masque de cuir de Cordoue
      lancera vers toi l’oreille du toro, mon amour,

      et ton cœur d’hirondelle s’ouvrira le soir même, quand la lune
      en sa rondeur parfaite gravira les marches du trôle,
      lentement sur le ciel,
      à l’heure où les guitares fleurissent et sanglotent
      interminablement…

      PARCE QUE JE T’AIME

      il faudra me suivre sans relâche et ne jamais fermer les yeux.
      Tu viendras te perdre avec moi dans la foule abêtie
      qui tourne autour des manèges imbéciles comme l’âne
      autour de la noria…

      nous boirons avec eux la bière chaude et l’aramon
      piqué des kermesses
      afin de participer à l’écœurement républicain
      entretenu par des odeurs de friture épouvantables.

      Tu me suivras sur la grande roue et sur la tour de Babel,
      qui permet à l’homme d’aujourd’hui de remonter au singe
      pour une somme dérisoire.

      Nous y remonterons tous les deux,

      PARCE QUE JE T’AIME…

      Plus tard,
      nous irons suivre pieds nus les processions médiévales
      des pénitents noirs ou gris, dissimulés sous leurs
      cagoules aux terrifiants vendredis saints espagnols.

      Nous irons nous mêler à des fêtes somptueuses et
      redoutables, au cours desquelles tournoient
      inlassablement sur eux-mêmes de grands nègres
      hurlant,
      dissimulés sous un déguisement d’oiseaux au plumage
      d’une splendeur inouïe.

      Nous passerons des nuis entières à tourner
      parmi les masques sculptés dans l’ébène,
      les colliers de griffes et les bracelets de canines de léopard,
      dans l’étourdissante et furieuse colère de la danse et
      des sortilèges.
      Ensemble,
      accroupis dans la poussière, nous irons boire le sang frais,
      la bouche collée à l’artère béante du buffle terrassé et nous
      distinguerons le reflet de nos visages dans ses yeux grands ouverts,
      encore vivants…

      PARCE QUE JE T’AIME
      j’inviterai autour de ton lit
      une troupe de jongleurs chinois, qui sauront ensorceler des assiettes
      et transformer d’un seul geste et d’un sourire des voiles
      de soie qui deviendront nuages et tempêtes
      et d’où s’échapperont des vols de grues et de hérons…

      PARCE QUE JE T’AIME
      je saurai découvrir pour toi
      l’edelweiss et la rose noire,
      la flûte de jade et la pierre de lune,
      l’oiseau phénix et le rossignol de l’Empereur de Chine,
      un agneau de Bethléem et le linge de Véronique.

      Et toi,
      toi mon amour, parce que tu ne m’aimes pas
      je sais que tu m’offriras par trois fois le chant du coq,
      le baiser de Judas,
      la flèche et le poison,
      la flûte et le cobra.

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