- Ce sujet contient 11 réponses, 3 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Le Che, le il y a 2 années et 9 mois.
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AuteurMessages
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28 juillet 2020 à 10 h 53 min #26579AnonymeInactif
Magnifique Bernard Dimey disparu et assez méconnu , mais quel talent de poète
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29 avril 2021 à 18 h 12 min #33023AnonymeInactif
Depuis le 28 Juillet, 4 vues seulement pour un si beau texte, je le fais remonter du fond de sa nuit, je lui dois bien ça
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2 mai 2021 à 10 h 53 min #33046Nicolas CoolmanMaître des clés
Un pilier de la poésie !
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Nicolas Coolman -
2 mai 2021 à 11 h 23 min #33047Le CheModérateur
Bernard Dimey dit par Serge Reggianni
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5 mai 2021 à 16 h 19 min #33115Nicolas CoolmanMaître des clés
Serge Reggiani, un monument de la chanson française.
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Nicolas Coolman -
5 mai 2021 à 17 h 10 min #33116Le CheModérateur
A l’heure où tout le monde reste cloitré dans sa terreur , A l’heure où des débiles derrière leur clavier du matin jusqu’au soir tapent leurs éternelles obsessions morbides ” vaccinez vous, vaccinez vous ” , il est bon d’entendre par moment un hymne à la vie . Et oui, malgré ce qui nous frappe de plein fouet, sachons profiter du bonheur de vivre. Reggiani nous le dit de façon merveilleuse
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7 mai 2021 à 9 h 16 min #33154Le CheModérateur
ce que nous dit Boris vian dans un style très Rimbaldien
Je voudrais pas crever
Avant d’avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d’argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d’égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu’on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j’en aurai l’étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j’apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d’algues
Sur le sable ondulé
L’herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L’odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l’Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d’avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J’en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu’on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s’amène
Avec sa gueule moche
Et qui m’ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d’avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu’est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d’avoir goûté
La saveur de la mort…
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18 mai 2021 à 10 h 36 min #33396Le CheModérateur
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19 mai 2021 à 18 h 46 min #33444Le CheModérateur
Un autre magnifique poème de Dimey
Les enfants de Louxor
Quand je sens, certains soirs, ma vie qui s’effiloche
Et qu’un vol de vautours s’agite autour de moi,
Pour garder mon sang froid, je tâte dans ma poche
Un caillou ramassé dans la Vallée des Rois.
Si je mourrais demain, j’aurais dans la mémoire
L’impeccable dessin d’un sarcophage d’or
Et pour m’accompagner au long des rives noires
Le sourire éclatant des enfants de Louxor.À l’intérieur de soi, je sais qu’il faut descendre
À pas lents, dans le noir et sans lâcher le fil,
Calme et silencieux, sans chercher à comprendre,
Au rythme des bateaux qui glissent sur le Nil,
C’est vrai, la vie n’est rien, le songe est trop rapide,
On s’aime, on se déchire, on se montre les dents,
J’aurais aimé pourtant bâtir ma Pyramide
Et que tous mes amis puissent dormir dedans.Combien de papyrus enroulés dans ma tête
Ne verront pas le jour… ou seront oubliés
Aussi vite que moi?… Ma légende s’apprête,
Je suis comme un désert qu’on aurait mal fouillé.
Si je mourais demain, je n’aurais plus la crainte
Ni du bec du vautour ni de l’oeil du cobra.
Ils ont régné sur tant de dynasties éteintes…
Et le temps, comme un fleuve, à la force des bras…Les enfants de Louxor ont quatre millénaires,
Ils dansent sur les murs et toujours de profil,
Mais savent sans effort se dégager des pierresÀ l’heure où le soleil se couche sur le Nil.
Je pense m’en aller sans que nul ne remarque
Ni le bien ni le mal que l’on dira de moi
Mais je déposerai tout au fond de ma barque
Le caillou ramassé dans la Vallée des Rois -
23 mai 2021 à 16 h 08 min #33537Le CheModérateur
Dans les jardins de ma mémoire,
Sur les eaux calmes d’un étang
Où les licornes viennent boire
J’ai vu tes yeux se reflétant.
J’en redoute les sortilèges
Et ne m’approche qu’en tremblant
Pour mieux me laisser prendre au piège
Que j’ai redouté si longtemps.Au jardin de la Mandragore
Je m’aventure chaque nuit,
Me promenant jusqu’à l’aurore
Malgré ton ombre qui me suit.
L’oiseau phénix au vol superbe
Peut disparaître et revenir,
Ses cendres répandues dans l’herbe
De toi me font ressouvenir.Au jardin bleu des espérances
J’ai vu danser les paons de nuit
Sur les arpèges du silence
Où vient se perdre mon ennui.
Mais au premier souffle de brise
Le son de ta voix me revient
Et le songe soudain se brise,
De notre amour ne reste rien.( Bernard Dimey
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24 mai 2021 à 12 h 09 min #33605Le CheModérateur
Sous le pont Mirabeau par serge Reggiani
La poésie , c’est de la musique, c’est pour ça qu’à mon sens , elle doit être écoutée et non pas seulement lue
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21 juin 2021 à 12 h 48 min #34376Le CheModérateur
magnifique Bernard Dimey
PARCE QUE JE T’AIME…
il faudra que tu viennes avec moi, sur des routes
baignées de soleil et de lune, le jour après la nuit
au long des chemins creux qui dessinent les nervures du monde
à l’infini,
Au petit jour, à la rosée,
soleil tout blanc se hissant au zénith
avant d’aller s’engloutir, disque de sang vif, dans
les eaux calmes de la mer…Au hasard des carrefours et des places désertes,
villages sans églises, maisons sans fenêtres, terrains
vagues sans enfants, sans gendarmes ni voleurs.
Par les sentiers de forêt, où nous débusquerons des
biches effarées,
par les rues sans pitié des cités de l’acier, de la fumée,
des pylônes et du vacarme
et par les pistes du désert.PARCE QUE JE T’AIME
il faudra me suivre à travers le sable et les pierres,
à travers la peur et la soif,
et puis un jour je t’entraînerai dans les profondeurs
de la mer et nous cheminerons côté à côte, à travers
les jardins du corail…
Les anémones aux doigts effilés et féroces s’agiteront
fiévreusement au passage de notre amour
et les monstres des prairies abyssales ouvriront leurs
yeux multiples où fleurit le phosphore…La raie, aux ailes ralenties, nous précèdera à travers
Les savanes d’algues bleues et violettes.
Et nous marcherons côte à côte, environnés de poissons
d’Apocalypse, aux nageoires griffues, aux yeux d’or
vert, aux mâchoires de diamant.Nous irons, la main dans la main, par les sentiers
inconnus perdus au fond de l’océan,
sans troubler le sommeil des grands crustacés endormis
depuis des millénaires.
Nous irons à pas lents, marchant sur des éponges,
à la découvertes d’épaves anciennes, crétoises ou
phéniciennes,
et je t’offrirai les bracelets d’or blanc grâce auxquels
un marin mort depuis vingt siècles espérait se gagner
les faveurs d’une courtisane romaine
avant de disparaître une nuit dans la mer.PARCE QUE JE T’AIME
il faudra me suivre partout,
je t’entraînerai à tous les pèlerinages et tous les
sanctuaires nous ouvriront leurs portes.Nous irons prier ensemble, prosternés côté à côte,
mêlés à des croyants de toutes les races, à des pénitents
de toutes les couleurs,
afin que tous les dieux possibles protègent notre amour
et le prolongent…
Au soleil tourbillonnant de la Mecque, je recueillerai
pour toi la voix déchirée du muezzin, échappée de sa
gorge comme une flamme tordue et que le vent
brûlant, mêlé de sable, noue et tort et torsade autour
des minarets de la ville sainte.Nous achèterons des moulins à prière dans une
lamaserie sur la route
et nous gravirons ensemble les pentes incroyables qui
conduisent au toit du monde…
Et tu me suivras au sommet du Mont Everest, car je
veux m’approcher le plus près possible du ciel avec toiPARCE QUE JE T’AIME
S’il le faut, nous passerons une nuit entière à méditer,
dans un monastère enfumé, parmi les bonzes au
masque de la plus pure sérénité
dont le crâne rasé semble aussi parfait que les vieux
galets façonnés par les océans depuis les premiers jours
du monde…Nous écouterons parler le plus vieux d’entre eux,
sans comprendre un seul mot, une seule syllabe, mais nous
irons ensemble baiser le bas de sa robe et nous imprégner
de son odeur de boucPARCE QUE JE T’AIME
nous irons plonger nos corps au même instant dans
l’eau pourrie du Gange, à BénarèsNous irons chercher la purification dans les remous de
ce fleuve géant qui brasse ensemble l’excrément maudit
de l’intouchable paria et les cendres inestimables du
Mahatma défunt.PARCE QUE JE T’AIME
il ne faut pas que tes yeux soient privés d’un seul
émerveillement,
tous les spectacles du monde ;
tous les enchantements te sont dus.
Et c’est moi qui te conduirai le long des voies
innombrables de l’étonnement.Nous irons déguster le thé à la menthe, accroupis sur des nattes
et nous verrons danser les Ouled-Nails au corps de
liane et de serpents en rut.Perchée sur un dromadaire de neige, tu me suivras
d’un oasis à l’autre, entre les dunes scintillantes, sous le
ciel clouté d’or
au long des pistes silencieuses.Sous nos yeux, le scorpion noir courtisera la rose des
sables, et le mirage de la soif érigera devant, sur
un horizon à tout instant reculé, des cathédrales de
cristal et des orgues de sel…Le matador au sourire gravé sur un masque de cuir de Cordoue
lancera vers toi l’oreille du toro, mon amour,et ton cœur d’hirondelle s’ouvrira le soir même, quand la lune
en sa rondeur parfaite gravira les marches du trôle,
lentement sur le ciel,
à l’heure où les guitares fleurissent et sanglotent
interminablement…PARCE QUE JE T’AIME
il faudra me suivre sans relâche et ne jamais fermer les yeux.
Tu viendras te perdre avec moi dans la foule abêtie
qui tourne autour des manèges imbéciles comme l’âne
autour de la noria…nous boirons avec eux la bière chaude et l’aramon
piqué des kermesses
afin de participer à l’écœurement républicain
entretenu par des odeurs de friture épouvantables.Tu me suivras sur la grande roue et sur la tour de Babel,
qui permet à l’homme d’aujourd’hui de remonter au singe
pour une somme dérisoire.Nous y remonterons tous les deux,
PARCE QUE JE T’AIME…
Plus tard,
nous irons suivre pieds nus les processions médiévales
des pénitents noirs ou gris, dissimulés sous leurs
cagoules aux terrifiants vendredis saints espagnols.Nous irons nous mêler à des fêtes somptueuses et
redoutables, au cours desquelles tournoient
inlassablement sur eux-mêmes de grands nègres
hurlant,
dissimulés sous un déguisement d’oiseaux au plumage
d’une splendeur inouïe.Nous passerons des nuis entières à tourner
parmi les masques sculptés dans l’ébène,
les colliers de griffes et les bracelets de canines de léopard,
dans l’étourdissante et furieuse colère de la danse et
des sortilèges.
Ensemble,
accroupis dans la poussière, nous irons boire le sang frais,
la bouche collée à l’artère béante du buffle terrassé et nous
distinguerons le reflet de nos visages dans ses yeux grands ouverts,
encore vivants…PARCE QUE JE T’AIME
j’inviterai autour de ton lit
une troupe de jongleurs chinois, qui sauront ensorceler des assiettes
et transformer d’un seul geste et d’un sourire des voiles
de soie qui deviendront nuages et tempêtes
et d’où s’échapperont des vols de grues et de hérons…PARCE QUE JE T’AIME
je saurai découvrir pour toi
l’edelweiss et la rose noire,
la flûte de jade et la pierre de lune,
l’oiseau phénix et le rossignol de l’Empereur de Chine,
un agneau de Bethléem et le linge de Véronique.Et toi,
toi mon amour, parce que tu ne m’aimes pas
je sais que tu m’offriras par trois fois le chant du coq,
le baiser de Judas,
la flèche et le poison,
la flûte et le cobra.
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